Ce vendredi 26 juin, le tribunal de Chambéry a rendu son verdict sur l’affaire Mélissa Perrot.
Le compagnon de la jeune femme de 23 ans est accusé de l’avoir harcelé et poussé au suicide, mais la justice a décidé de le relaxer indiquant qu’il n’y avait « pas de lien de causalité » entre les paroles du jeune homme et le suicide de Mélissa.
La mère de la victime trouve le « jugement incompréhensible »
La mère de Mélissa, Corinne, trouve que « ce jugement est incompréhensible ». Depuis le suicide de sa fille, elle s’est engagée dans la lutte contre les violences conjugales et souhaite faire reconnaître la notion de « suicide forcé ». Déçue par le verdict du tribunal, elle a déclaré à France Bleu : « Je ne comprends pas. Je suis en colère, il y a des aveux. Le dossier est complet. Qu’est-ce qu’il faut de plus ? »
« Le harcèlement, elle l’a subi pendant 5 mois. Elle a changé. On l’a tous vu changer, tous ses amis l’ont vu changer », a-t-elle ajouté. « On a l’impression que l’on ne pourra jamais prouver que le harcèlement amène au suicide. Et ça, je ne l’accepte pas », a déclaré la mère de Mélissa.
Harcelée par son ex-compagnon, Mélissa, morte défenestrée à l’âge de 23 ans, n’a pas été poussée au suicide, estime la justice. A l’énoncé du jugement, la mère de la jeune femme a vu le monde s’écrouler sous ses pieds https://t.co/4aKkajf643 pic.twitter.com/ppJ6tuP82c
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Corinne est prête à « continuer le combat » pour sa fille et toutes les autres femmes qui se retrouvent dans la même situation, a rapporté le Parisien.
L’accusé indique avoir sa part de responsabilité
Cependant, l’ancien compagnon de Mélissa a confié au tribunal avoir joué un rôle dans le suicide de la victime. Interrogé pour savoir s’il a « contribué à cette échéance fatale », il répond : « Je pense que oui ». Le jeune homme a indiqué « savoir que Mélissa était fragile » et vouloir « appuyer où ça faisait mal », a rapporté Le Parisien.
Me Max Joly, son avocat, est très satisfait de la relaxe de son client et a déclaré à France Bleu qu’il saluait « le courage du tribunal » pour ne pas avoir « cédé aux pressions dans ce dossier ».
Le parquet de Chambéry va faire appel du jugement
L’avocate et militante Yaël Mellul, fondatrice de l’association Femme et libre qui s’est portée partie civile dans l’affaire, a demandé au parquet de Chambéry de faire appel du jugement : « Je ne vois pas comment le parquet pourrait faire autrement, ce jugement va à l’encontre de la totalité du dossier », a-t-elle indiqué à France Bleu.
Ce samedi 27 juin, le parquet de Chambéry a donc décidé de faire appel. Un nouveau verdict de l’affaire sera rendu et il pourrait être différent de celui annoncé vendredi car une nouvelle loi sur le suicide forcé sera possiblement promulguée au mois de juillet.
Cette loi permettra de faire valoir juridiquement la situation dont a été victime Mélissa et de punir l’accusé de 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende.
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