Alexandra Damien, 32 ans, avait fait l’objet d’un reportage réalisé par l’Agence France presse (AFP) en novembre 2017 sur les tatouages dans le processus de reconstruction des victimes.
Elle a reconnu être une « fausse victime » des attentats djihadistes du 13 novembre 2015 à Paris, et a été condamnée mardi 16 octobre à six mois de prison ferme.
Une première version au lendemain des attentats
La première apparition médiatique d’Alexandra Damien intervient dès le lendemain des attaques de Paris et Saint-Denis.
Photographiée devant la terrasse criblée de balles du bar Le Carillon, la jeune femme explique le 14 novembre qu’elle devait rejoindre la veille cinq amis installés en terrasse.Voisine du lieu, elle confie au journaliste avoir perdu deux de ses proches dans l’attentat mais précise, les yeux rougis, qu’elle n’était pas sur place au moment de l’attaque.
La BBC et le Wall Street Journal reprendront également ses propos.Une version différente
Quelques mois plus tard, les premières associations de victimes sont constituées par les proches et les rescapés des attentats.
« Elle n’a jamais adhéré, elle ne payait pas de cotisation.
Mais elle a rejoint nos rangs dès début 2016. A l’époque nous n’avions aucun recul sur le phénomène des « fausses victimes », ça n’existait pas dans nos esprits et il n’y avait pas suffisamment de contrôle sur la fiabilité de nos membres », avance l’association Life for Paris.Lorsqu’elle se rapproche de l’association, son histoire relatée quelques mois plus tôt dans les médias anglo-saxons a complètement changé.
« Elle nous explique qu’elle était au Carillon avec deux amis et qu’elle a été blessée au coude par une balle.Elle a effectivement une cicatrice mais on apprendra plus tard qu’il s’agissait vraisemblablement d’une ancienne blessure de surf.
Elle portait une attelle sur certaines photos, un truc sophistiqué qui partait du poignet jusqu’au coude », poursuit un membre de l’association.Dans le reportage réalisé par l’AFP, la jeune femme arbore sur le biceps la devise de Paris, « Fluctuat Nec Mergitur », symbole de la résilience parisienne au lendemain des attentats.
La vérité révélée
L’émergence de cas de fausses victimes pousse quelques membres de Life for Paris, au côté d’une journaliste de l’AFP, à démêler le récit d’Alexandra.
Ses témoignages datés du 14 novembre refont surface, un signalement est fait aux policiers fin 2017.
Après six mois d’enquête, la jeune femme a été arrêtée en juin dernier et placée depuis sous contrôle judiciaire. Contacté par 20 Minutes, son avocat William Bourdon n’a pas souhaité s’exprimer avant l’audience.Pour escroquerie et faux témoignage, le tribunal correctionnel l’a condamnée à deux ans de prison, dont 18 mois de sursis assorti d’une mise à l’épreuve comprenant une obligation de soins, d’indemniser les parties civiles et de chercher un travail.
La jeune femme avait escroqué le Fonds de garantie des victimes de terrorisme et autres infractions pénales (FGTI) à hauteur de 20 000 euros, mais aussi l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT), grâce à laquelle elle avait bénéficié d’un stage thérapeutique dans un hôtel en Normandie.
Vidéo recommandée – « Des baleines à bosse nagent juste à côté d’une maison canadienne. »