Le Sénat de New York a présenté un nouveau projet de loi prévoyant que les piétons utilisant des téléphones portables dans les rues achalandées se verront infliger de lourdes amendes pouvant aller jusqu’à 200 euros.
Le sénateur John Liu a présenté le projet de loi à l’Assemblée législative de l’État, après que son collègue législateur, Felix Ortiz, n’ait pas été approuvé pour un projet de loi similaire l’an dernier.
Selon le nouveau projet de loi, les personnes ne seraient pas autorisées à utiliser un « dispositif électronique portable » en traversant une rue de l’État.
Les appareils interdits incluent: les téléphones mobiles, les jeux électroniques, les tablettes, les ordinateurs portables, les assistants numériques personnels ou «tout autre appareil électronique utilisé pour entrer, écrire, envoyer, recevoir ou lire du texte pour une communication présente ou future».
Les personnes autorisées à utiliser un dispositif électronique uniquement en cas de contact avec le personnel d’urgence, conformément à la législation proposée.
Les contrevenants seraient condamnés à une amende de 20€ à 45€ la première fois.
Suite à cela, les piétons violant la nouvelle loi seraient passibles d’une amende allant de 45 €à 100€ pour la deuxième fois et de 50€ à 200€ pour la troisième violation.
Selon le projet de loi, les policiers, les pompiers, les agents de la paix et les conducteurs de véhicules d’urgence pourraient utiliser leurs appareils portables pendant qu’ils s’acquittent de leurs «tâches officielles».
S’adressant au Guardian, le sénateur Liu a expliqué: « Le projet de loi ne dit pas que vous ne pouvez pas parler au téléphone. Nous parlons d’appareils de poche… vous pouvez attendre les cinq secondes pour arriver de l’autre côté. »
Toutefois, le directeur par intérim de Transportation Alternatives, Marco Conner, a déclaré que le projet de loi proposé était « terriblement erroné ».
« À peine toutes les données sont citées. La plupart des accidents de la route à l’échelle nationale impliquent un type de conducteur. C’est une victime déguisée, dit-il. »
L’année dernière, Ortiz a tenté de défendre son projet de loi en utilisant les réseaux sociaux.
« J’ai présenté un projet de loi interdisant aux piétons d’utiliser leur téléphone portable en traversant la rue », a-t-il écrit sur Twitter.
« La distraction à la marche est un danger pour le piéton et les conducteurs. »
Mais les internautes ont condamné le projet de loi, le qualifiant de « blâme de la victime ».
L’ingénieur en transports Will Farr a commenté: «Cette législation est absurde et qui blâme les citoyens doit être mise de côté. Votre solution aux conducteurs qui tuent des personnes sur le passage piéton est de créer un autre mécanisme pour le travail de la police? »
Le New Yorkais Alex Knight a ajouté: « En plus d’être un blâme absurde pour les victimes, ce projet de loi ridicule serait utilisé par les services de police pour respecter les quotas et cibler les citoyens à faible revenu »
« Et si vous vous concentriez sur le vrai problème: les conducteurs dangereux. »
Harvey Miller, titulaire de la chaire Reusche en sciences de l’information géographique à l’Ohio State University, a déclaré: « Plus de reproches à la victime. Lorsque des piétons sont blessés ou tués par une voiture, la grande majorité du temps, c’est la faute du conducteur. »
Liu a admis que le projet de loi pourrait conduire à une police discriminatoire, mais a déclaré que ce ne serait pas la première priorité de la police.
« Il existe de nombreuses lois prévoyant une application sélective et je serai le premier à admettre que cela ne sera pas la première priorité de la police, et ce ne devrait pas être le cas », a déclaré le sénateur.
« Mon intention est d’aider les New-Yorkais à se souvenir de ce qu’ils doivent faire et de ce qu’ils ne doivent pas faire – attendez cinq secondes le temps de traverser avant de répondre à votre message! »
Le défenseur public Scott Hechinger, basé à Brooklyn, a averti que le projet de loi serait « appliqué de manière disparate », créant probablement une « dangereuse escalade policière ».
« Littéralement, tout ce qui est criminalisé ou autrement interdit à New York est appliqué de manière disproportionnée à l’encontre des personnes de couleur vivant uniquement dans certains quartiers », a-t-il déclaré.
« Faire du vélo sur un trottoir. Conduitre avec un feu arrière cassé ou ne pas mettre son clignotant. Avoir des drogues et de la marijuana. »
« Nous ne savons pas si les gens seront dissuadés de communiquer en marchant avec cette loi (les preuves suggèrent que non). »
« Mais nous savons une chose avec certitude, c’est que les Noirs et les Latino-Américains seront en général les seuls à être arrêtés. C’est comme ça que le «maintien de l’ordre» fonctionne en Amérique. »
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